Environnement. Pourquoi les projets de « surfparks » suscitent des controverses ?

 
La première vague dynamique artificielle autorisée en France verra le jour l’année prochaine sur un lac près du Futuroscope de Poitiers. Après neuf projets de gigas piscines à surf avortés en France, cette installation qui n’est pas une piscine relance le débat économique et écologique du surf artificiel.
La vague Okahina sera installée sur le lac de la Technopôle du Futuroscope dans la Vienne et pourra accueillir vingt huit surfeurs en simultané

EXTRAITS

Pas facile d’implanter un surfpark en France. De nombreuses entreprises, portées par l’industrie fleurissante des loisirs aquatiques et le développement des sports de glisse, cherchent à proposer aux adeptes des vagues artificielles à surfer toute l’année. En France, neuf projets ont coulé les uns après les autres avant même de sortir de terre. Mais pour la première fois, un projet d’ampleur verra le jour l’année prochaine près du Futuroscope de Poitiers.

Sur le lac du Téléport, les vagues « Okahina » prendront forme autour d’un atoll flottant artificiel, et pourront accueillir cinquante surfeurs en simultané. Cette technologie développée par Waveriding Solution est en rupture avec ses concurrents, puisque la vague se déroule sur un plan d’eau existant, ne nécessitant donc pas d’artificialiser des sols et de pomper de l’eau. Pour le fondateur de Waveriding Solution Laurent Héquily, « l’idée de faire des piscines en dur a toujours été un non-sens ».

À Poitiers, aucun recours n’a été déposé contre le projet de vague artificielle Okahina. Selon Laurent Héquily, la structure pourra même contribuer à la bonne santé du plan d’eau : « le brassage de l’eau du lac va ramener un taux d’oxygène et empêcher son asphyxie ».

Neuf projets de gigas piscines avortés en France

Le dernier projet en date, prévoyant la construction d’un bassin de 20 000 m³ d’eau dans la commune de Canéjan près de Bordeaux, est suspendu à la décision du Tribunal administratif de Bordeaux depuis juillet 2023. Plus tôt, les projets de giga piscines de Castets (Landes), Sevran (Seine Saint-Denis), Saint-Père-en-Retz (Loire-Atlantique) et Saint-Jean-de- Luz (Pyrénées-Atlantiques) ont tous avorté.

« À l’heure où on demande aux citoyens d’être sobre en énergie et où un stress hydrique est présent, ces surfparks sont anachroniques et aberrants », dénonce Vanessa Balci, chargée de ces problématiques pour l’ONG Surfrider, une association environnementale de défense des océans créée par des surfeurs. Concernant la technologie installée à Poitiers, un atoll flottant dans un lac, celle-ci reconnaît « qu’il y a moins d’impact en termes de bétonisation des sols et de construction ».

Des projets portés par une professionnalisation récente

Pour Surfrider, l’inscription du surf aux disciplines olympiques n’arrange rien. Même si pour le moment, les prochains Jeux olympiques prennent place sur des terres de surf (Tahiti, Californie et Australie), une olympiade dans un pays sans vague pourrait justifier l’utilisation de surfparks. Car ces projets, stoppés en France, poussent comme des champignons à l’international. Vingt-cinq gigas piscines de surf à vague dynamique sont en activité dans le monde et plus de 200 surfparks sont en développement.

Avec la professionnalisation récente de ce sport, « Certains attendent de pouvoir s’entraîner sur des vagues artificielles pour améliorer leurs performances », analyse Vanessa Balci. Surf Park Central, lobbyiste qui fédère les acteurs du secteur à l’international, s’attend donc à une croissance exponentielle durant les prochaines années.

L’ancien président du syndicat des professionnels du surf Michel Queyraud, disparu en 2021, avait pourtant pris position contre ces installations, en défendant un sport « pleine nature dans sa définition ». Mais considérant la saturation des littoraux et des « spots » français, le syndicat a déclaré vis-à-vis d’Okahina qu’il était le « seul bon concept » qu’il validait.