La vague de surf circulaire qui s’est heurtée à la bureaucratie

WAVEPOOLMAG – US

Traduit de l’anglais américain

Okahina Wave, l’entreprise française à l’origine de sa technologie unique de vagues circulaires « semi-naturelles » autour d’une atoll flottant, a pour mission d’achever le financement et la construction en vue d’une ouverture au public pour l’été 2025 dans l’hémisphère nord.

Alors que le premier projet à grande échelle est situé à mi-chemin entre Paris et Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, l’entreprise a déclaré qu’il fallait s’attendre à voir d’autres projets aux États-Unis, en Espagne, en Suisse, au Moyen-Orient et au Brésil dans un avenir proche. 

Okahina avait affirmé qu’une première installation commerciale devait ouvrir en 2020. Ce projet, situé à côté du parc d’attractions français du Futuroscope, a tardé à se concrétiser. À la question de savoir pourquoi les sites d’exploitation promus il y a quelques années à peine n’ont toujours pas vu le jour, Okahina a répondu que le processus avait été fortement ralenti par les agences gouvernementales françaises.

Quatre ans, c’est un long délai. Que s’est-il passé ?

S’adressant à wavepoolmag.com, l’inventeur de la technologie Okahina Wave, Laurent Héquily, s’est montré extrêmement enthousiaste à l’idée de voir son projet devenir enfin une réalité commerciale après que son équipe, dont le directeur technique, Erlé Dumontier, a réussi à surmonter la complexité de la bureaucratie française pour obtenir l’approbation finale. 

« L’Europe, et la France en particulier, sont soumises à des règles et des normes extrêmement rigides et strictes, notamment en matière d’environnement », a déclaré Laurent Héquily. 

« Cela nous a pris un peu de temps, mais nous avons finalement reçu le feu vert en mars 2024. Nous devions répondre aux préoccupations environnementales et prouver qu’il n’y avait pas de risque pour la biodiversité. Nous contribuons même à avoir des effets positifs dans certains cas, en aidant à rétablir le bon équilibre d’écosystèmes aquatiques parfois endommagés ».

La première destination Okahina, située sur le lac du Téléport, près du Futuroscope (Vienne) comprendra aussi un restaurant, un surf shop et un « surf house »

Erlé Dumontier reconnaît que le processus a été long et fastidieux, mais qu’il a en fait renforcé la détermination de créer une installation qui, sous sa forme d’atoll flottant, s’éloigne radicalement du style de construction de la plupart des piscines à vagues des concurrents (c’est-à-dire des travaux de terrassement et de génie civil à grande échelle, le coulage de grandes quantités de béton, le gaspillage d’eau, la consommation d’énergie, les émissions de carbone et bien d’autres).

 « La France est le pays numéro un, le premier au monde, pour ce qui est de la complexité administrative et des normes », déclare-t-il. « Lorsque d’autres technologies ont été bloquées par des militants écologistes (France, Suisse, Espagne, Californie, Hawaï, Allemagne, Brésil…), nous pensons que notre solution sera beaucoup plus attrayante pour son expansion dans d’autres pays. De ce défi, nous en avons fait une force ».

L’objectif immédiat est maintenant de finaliser le tour de table capitalistique qui permettra de commencer la construction. Erlé Dumontier affirme qu’ils avancent à un rythme soutenu, offrant potentiellement un temps de ride de plus de 20 secondes pour les amateurs de sensations fortes de tous âges et de toutes capacités dans les 12 mois à venir. Puis des temps de ride de plus de 45 secondes un an à deux plus tard.

« Nous sommes absolument prêts à commencer la construction », déclare-t-il. « Nous sommes en train de finaliser notre dernier tour de table, qui est sécurisé à 80 %. Une fois le projet achevé, ce qui devrait être le cas à la fin de l’été, nous serons en mesure d’ouvrir au public à l’été 2025. »

« De mon point de vue, nous avons l’avantage du second. Ce que nous avons vu jusqu’à présent avec les piscines, c’est la première génération de vagues artificielles de surf … ce qui nous a obligés à être différents… cela a créé une obligation pour Okahina de changer la donne. Nous aimons penser que nous pourrions rendre les autres technologies obsolètes à bien des égards, y compris en ce qui concerne notre impact sur l’environnement, qui est exceptionnellement réduit ».

Laurent HEQUILY

La société a ajouté que les deux projets suivants en sont actuellement financés à 75 %, avec le soutien d’un fonds européen d’investissement en infrastructures.

Le marché s’étant considérablement développé ces dernières années et de nombreuses technologies ayant ouvert des installations publiques et prouvé leur viabilité commerciale, on pourrait naturellement craindre que les nouveaux venus aient manqué l’occasion de saisir et de surfer sur la vague d’un secteur économique en plein essor. Ce n’est pas le cas, affirme Laurent Héquily. En fait, il estime que le retard causé par le processus d’approbation et l’impact négatif de la COVID qui ont contraint Okahina à être « en retard sur le marché », constituent au contraire un avantage.

« Compte tenu des circonstances de ces dernières années, nous n’avions pas le choix de la date de lancement », a-t-il déclaré. « Mais à mon avis, nous avons l’avantage d’être la deuxième génération à se lancer. Vous savez, ce que nous avons vu jusqu’à présent avec les piscines à surf, c’est la première génération de vagues artificielles… qui nous a obligés à être différents… cela a créé une obligation pour Okahina de changer la donne. Nous aimons penser que nous pourrions rendre les autres technologies obsolètes à bien des égards, y compris par notre impact environnemental exceptionnellement réduit.

« Il nous a fallu près de dix ans pour en arriver là et nous aurons eu besoin du même temps de développement que la plupart des autres technologies qui ont commencé avant nous. Nous sommes heureux d’être enfin en mesure de prouver que notre concept peut être commercialement viable et surtout respectueux de l’environnement ».

Okahina a également en vue un projet au lac des Dagueys dans la ville de Libourne (illustré ici) ainsi qu’une autre installation à vagues près de Paris.

La technologie Okahina Wave utilise une onde circulaire créée par un générateur électrique semi-immergé à rotation satellite pour produire un effet de portance sous la surface de l’eau. Contrairement à d’autres technologies sur le marché, le mécanisme est entièrement amovible et logé dans une structure flottante de type atoll. Le système peut être installé dans n’importe quel plan d’eau abrité suffisamment grand pour l’accueillir, et différentes tailles sont disponibles pour offrir différentes longueurs de parcours. Les propriétaires affirment que ces caractéristiques de l’atoll flottant et du générateur de vagues à faible consommation d’énergie rendent le système Okahina plus rentable à construire et à exploiter.

Les futurs sites d’Okahina comprennent Okahina Futuroscope 2025, qui mesurera 40 m dans un atoll de petite taille et qui est sur le point d’être lancé en construction. Okahina Libourne 2026, qui devrait mesurer 80 m dans un atoll de taille moyenne, est en phase de développement. Okahina Paris 2027 est prévu pour une taille de 110 m dans un atoll de grande taille et est actuellement en phase de planification. En outre, deux sites Okahina en Floride et en Californie sont également prévus pour 2027, tous deux de 110 m dans un atoll de grande taille et en phase de planification. Okahina indique qu’elle cherche maintenant à établir son futur siège social américain au Texas et qu’elle recherche pour cela ses partenaires américains pour son déploiement aux États-Unis.

Article original : https://wavepoolmag.com/four-years-is-a-long-delay-what-happened/