Thomas Cardinal gère UWL Surfboards, partenaire et sponsor d’Okahina Wave, avec son frère Renaud depuis maintenant 25 ans. Dès le départ, ils ont proposés leur contribution pour concevoir des planches de surf spécifiques pour le type de vague Okahina. L’idée est d’utiliser la vague Okahina comme d’un laboratoire pour imaginer les planches de demain, voire des planches connectées.
- OW – Bonjour Thomas, tu es aujourd’hui co gérant de UWL Surfboards après avoir fait les Beaux-Arts de Bordeaux. Peux-tu nous en dire plus sur ton histoire, ton parcours ?
« Au départ, nous fabriquions des planches de surf pour les copains. Très vite, nous avons commencé à avoir de plus en plus de commandes et j’ai arrêté mes études pour me concentrer qu’à UWL. Nous avons eu beaucoup de chance d’avoir des parents qui nous soutiennent. En fait, notre père était un des premiers à surfer dans le 17 grâce aux surfeurs qui étaient dans les bases Américaines après la guerre. Il a rencontré notre mère à cette période. Nous avons appris à surfer avec lui et nous l’aidions à fabriquer des planches adaptées aux enfants. Il nous a transmis sa passion comme cela. Nous n’avons jamais quitté la Rochelle et l’île de Ré ni arrêté de faire des planches ».
- OW – Comment décrirais-tu ton style de vie ?
« En deux mots… : simplicité et bonheur »
- OW – Où puises-tu ton inspiration ?
« C’est une évidence puisque c’est notre passion. Nous baignons dedans depuis tous petits. Nous avons acquis un bagage de « culture » surf depuis 25 ans. Je m’intéresse aussi beaucoup aux autres ateliers. Avec mon frère, nous aimons accueillir des fabricants et des concepteurs français, européens et internationaux. Tous ces échanges avec des personnes partageants la même passion sont venus enrichir ma façon de voir le surf ».
- OW – Quels ont été les moments forts de ta vie/carrière ? Tes plus grandes fiertés ?
« Sans hésiter, lorsque l’on a ouvert notre nouvel atelier en 2001. Cette structure de 500 m2 est venue remplacer le premier atelier que nous avions créé dans une vieille bergerie. Je repense aussi à la fois où nous avons produit une planche avec un groupe de rock (Suicidal Tendencies) dont nous étions fans tous petits. Nous réalisions un rêve de gosse ! »
- OW – Peux-tu m’en dire plus sur UWL ? Qu’est-ce que les planches UWL ont de si spéciales ?
Créée en 1991 à La Rochelle, UWL Surfboards est une entreprise française spécialisée dans la fabrication custom de planche de surf. Utilisant les dernières technologies, et évoluant dans une structure de 700m² aujourd’hui, UWL est un atelier incontournable sur le marché du surf européen.
Dans la production d’une planche, nous distinguons des étapes précises : le design, la forme, la décoration, la finition-résine, le conseil. C’est en sachant infailliblement exécuter ces étapes et en travaillant l’excellence que nous arrivons à construire pour nous la planche parfaite. Bien sûr, si nous n’avons pas de planche adaptée, nous recommandons un confrère. Notre mission est de développer le surf en général ».
- OW – Peux-tu m’en dire plus sur le lancement d’UWL en Australie ?
« C’est le résultat d’une rencontre avec Thomas Bexon spécialisé dans le longboard. Il aimait beaucoup les planches à l’atelier. Après son troisième passage à l’atelier, il nous a proposé de lancer UWL en Australie et ça marche très bien marché ».
- OW – Quel est votre plus précieux savoir-faire ?
« C’est un ensemble. Un savoir-faire technologiques, mais également des techniques rétro. Nous possédons une culture globale ».
- OW – Quelles sont les attentes des surfeurs ?
« J’ai remarqué qu’il existe plusieurs catégories de surfeurs. De 9 à 14 ans, ce sont les parents qui achètent les planches ; ils veulent une planche pas trop chère et adaptée pour leurs enfants. Puis le jeune adulte, entre 20 et 30 ans, recherche LA planche la plus performante. Après, il souhaite une belle planche avec une finition irréprochable ».
- OW – Avec qui aimez-vous collaborer chez UWL ?
« Nous collaborons avec des shapers et des fabricants internationaux tels que Blake Peters de Panda Surfboards, Matt Yerxa, Neal Purchase, Malcolm Campbell, Jeff McCallum, Thomas Bexon, Bob Mitsven, Joel Fitzgerald…la liste est encore longue… et avec des marques comme Boomart (fabricant de skate) et Slide-R (l’objet connecté qui s’accroche à la planche).
Les collaborations comme celle que l’on a avec Okahina Wave représente beaucoup pour nous. C’est l’avenir du surf qui est en train de se jouer ! »
- OW – Qu’est-ce que tu penses de l’impact environnemental lié au surf (déplacements en voiture, au piétinement et à la détérioration de zones naturelles) ?
« Le surfeur est une personne ambiguë. Il se dit proche de la nature, mais il a un fort impact carbone. Il fait plein d’aller-retour jusqu’à la plage. Les dunes sont souvent détériorées. Sa combinaison, sa planche de surf sont composées des dérivés du pétrole, c’est un paradoxe. Ils ne se rendent pas compte de ces petites choses qui polluent beaucoup. Cependant, il est très attentif à la mer. Il alerte en cas de pollution dans l’eau.
Nous avions lancé un modèle de planche écologique. Sa mise en œuvre et sa fabrication génèrent malheureusement un bilan carbone plus important qu’une fabrication traditionnelle. La planche écologique doit détenir des caractéristiques et techniques équivalentes. Tout l’enjeu est de trouver l’équilibre entre la mise en œuvre, les matériaux utilisés, le prix, la qualité et une fabrication locale d’une planche entièrement écologique ».
- OW – Que pensez-vous, toi et ton frère, d’Okahina Wave, la première vague artificielle à surf respectueuse des milieux naturels ?
« C’est génial, c’est un projet incroyable. Toutes les autres méthodes pour fabriquer une vague artificielle demandent beaucoup d’énergie et une structure en béton. C’est tout sauf écologique, cela demande en plus de traiter l’eau. Les surfeurs ne rêvent que d’une chose : avoir une vague à porter de planche ! Je pense que ça va révolutionner notre sport qui connaît des évolutions constantes dans ses techniques, les planches et les compétitions. Toutes les contraintes s’enlèvent lorsque l’on a une vague à n’importe quel moment et n’importe quel endroit. Il peut ainsi devenir un sport populaire de proximité ».
- OW – Quel est ton leitmotiv/ta devise dans la vie ?
« Regarder ce qu’il se fait de mieux et le faire encore mieux ».